Blocage le 2 mars 2015 à la base de Burghfield en Grande-Bretagne,
où l’on stocke les missiles nucléaires anglais.
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Le lundi 28 février 2015, un groupe de 10 militants (en lien avec Armes nucléaires Stop et Maison de Vigilance) + une cinéaste (en lien avec les Désobéissants) quittent la France en convoi > un mini-bus et une fourgonnette. Il s’agit de venir en soutien aux copains militants de Trident Ploughshare qui ont appelé à une campagne de blocages.
Nous arrivons à Reading à 2 heures de route à l’ouest de Londres en fin d’après-midi le 1 mars.
L’entrainement proprement dit s’achève et ils en sont aux recommandations légales par une juriste.
Les forts accents régionaux et une mauvaise acoustique de la salle, en plus des termes juridiques spécifiquement anglais, rendent la vie difficile pour les traducteurs vers le français.
On compte une centaine de militants dans la salle dont, en plus des Francophones, quelques Finlandais, Suédois, Allemands et Espagnols.
Le centre des Quakers à Reading sert de base arrière pour se rassembler et se préparer. Nous nous trouvons à une demi-heure en voiture du site de Burghfield, où on entretient, améliore et garde en ordre de fonctionnement les armes atomiques anglaises. Plus ou moins l’équivalent de Valduc au nord de Dijon en France.
Le lundi 2 mars à 7 heures du matin, l’équipe francophone arrive à l’une des 3 entrées du site. Les policiers laissent descendre les occupants du mini-bus ; mais s’appuient contre les portes de la fourgonnette pour nous empêcher d’en sortir ; tout en nous obligeant à aller stationner bien plus loin.
On apprendra plus tard que ce comportement s’expliquait par la crainte que la fourgonnette contienne des « lock on » (tubes en métal et/ou PVC à l’intérieur desquels les militants s’enchaînent par les bras et qui rendent les blocages plus efficaces car longs à désincarcérer).
Après un petit moment sage à déployer nos banderoles, nous nous laissons glisser vers le centre de l’entrée. Les policiers essaient de nous repousser avec fermeté. Mais nous nous laissons tomber au sol tout en s’agrippant les uns aux autres. Ainsi, la force de gravité nous aide à emporter ce combat de l’inertie. Puis, on s’incruste sur le bitume comme coquillage au rocher. Surtout l’épatant Serge qui donne vraiment l’impression de vouloir rester là jusqu’à son dernier souffle. Au début, les policiers appuient leurs jambes contre nos dos (ça réchauffe!) pour nous empêcher de reculer tout en étant assis pour gagner encore un peu de terrain. Nous ne bloquons que la moitié de l’entrée… pendant 8 heures. D’autres militants arrivent doucement par petits groupes. Et nous ratons quelques dernières opportunités de blocage en milieu de matinée. Mais nous ne serons jamais assez nombreux pour déborder à nouveau les policiers ; qui entretemps sont légion et se positionnent sans laisser aucune ouverture où s’engouffrer.
Quelques groupes viennent offrir leur musique et chants ; et une tente propose sandwiches et thé.
Et il n’arrive même pas à pleuvoir. Même que c’est plutôt soleil frais bien venté.
Nous apprenons que sur les 3 entrées, deux sont bloquées à moitié et une entièrement.
De toute façon, la plupart des travailleurs ont été invités à rester chez eux pendant cette journée de blocage. En ce sens, le blocage a bien fonctionné.
Personne ne fut finalement arrêté. La charge habituelle étant « obstruction de la voie publique ».
Faut quand même éviter de parler des sujets tabous qui fâchent > le nucléaire militaire…
Néanmoins, quelques groupes épars de travailleurs arrivent en bus. On leur fait remarquer qu’ils bossent pour la mort. Et un militant anglais leur crie au passage : «You got a brain !» « On vous a donné un cerveau ! »
Dans la dernière heure, une militante anglaise bien corpulente vient s’asseoir avec nous tout contre les policiers debout et se laisse choir vers l’arrière quand arrivent des travailleurs. Les policiers la repousse avec peine, vu son poids. Ils sont fermes mais sans agressivité ni brutalité. Puis, nos conversations – entre deux petites poussées d’adrénaline - reprennent avec eux. A propos de mots français qu’ils connaissent. Et on parle même ensemble d’alternatives pour notre monde mal foutu.
Vers 15h30, on termine l’action en formant un cercle de tous les militants sur place pour chanter doucement ensemble.
Retour vers la base arrière. Un Anglais nous apprend le fonctionnement des « lock on » dont certains, originaux, se présentent comme des faux tambours ou des grandes valises à roulettes.
Certains repartent avec nous vers Dijon…
En soirée avec Rachida des Désobéissants, nous faisons une touchante interview de Angie qui est une des principales organisatrices de ces actions de blocage. Elle-même ayant déjà passé plusieurs mois en prison pour sabotage d’équipements liés au nucléaire militaire sur sous-marins et avions bombardiers.
Pour terminer, un merci spécial aux Dijonnais qui avaient apporté l’ « Eucharistie » (pain et vin bio de Bourgogne) à partager dans tout le groupe et même avec le grand groupe de militants anglais.
Pain et farine faits de leur blanche main. Belle cohérence !
Et merci aux 4 générations dans ce groupe francophone (de 17 à 81 ans) qui sont venues ici rappeler que l’arme nucléaire est une des absurdités modernes à traiter en priorité si simplement on veut que les générations suivantes aient une chance de s’en tirer…
André Larivière





















Peace Party










Direct Action guides and handbooks














Ground Zero Center for Nonviolent Action
Jonah House 











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